L’évaluation du traitement estomac

Faut-il une surveillance pendant et après le traitement ?

La surveillance est une obligation pendant et après le traitement de tout cancer.

Pendant la durée du traitement des patients avec une forme métastatique de cancer gastrique ou du cardia, des bilans réguliers (généralement tous les 2 à 3 mois) doivent être effectués afin de s’assurer de la bonne efficacité et de la bonne tolérance du traitement. Ils permettent d’adapter les doses de chimiothérapie +/- thérapie ciblée si nécessaire et de modifier le traitement initial dit de première ligne si celui-ci n’est pas efficace ou montre ses limites après avoir été efficace.

Le bilan inclut généralement un contrôle sanguin (numération des
globules rouges, des globules blancs et des plaquettes ; vérification des bonnes fonctions rénales et hépatiques), potentiellement un dosage des marqueurs tumoraux comme l’ACE et le CA 19.9 surtout s’ils étaient élevés initialement et un contrôle d’imagerie (scanner thoracique et abdominal).

Après le traitement d’exérèse chirurgicale pour les formes localisées
de cancer gastrique ou du cardia, le bilan régulier (bilan biologique
sus cité et scanner thoraco-abdomino-pelvien) a pour but principal
de s’assurer de l’absence de récidive de la maladie. En effet, si une rechute doit survenir, plus elle sera diagnostiquée précocement, meilleures seront les possibilités de la traiter. Aux examens pratiqués lors des bilans effectués pendant le traitement peut s’ajouter, notamment en cas de symptômes anormaux, une surveillance par endoscopie et/ou écho-endoscopie pour vérifier l’absence de récidive de la maladie au niveau de l’estomac restant (dans le cas d’une gastrectomie partielle) ou au niveau des sutures chirurgicales effectuées (dans le cas d’une gastrectomie totale).

Le bilan permet en outre d’apprécier l’état nutritionnel, toujours
précaire à la suite d’une intervention sur l’estomac ou du cardia. Les
bilans sont généralement effectués tous les 3 à 4 mois pendant les 3 ans qui suivent la chirurgie. Au-delà, le rythme des bilans pourra être espacé (par exemple tous les 6 mois jusqu’à la 5e année, puis annuellement). Il ne faut pas hésiter à consulter plus tôt qu’à la date prévue pour le bilan en cas de réapparition de symptômes anormaux.

Cette surveillance est effectuée par le cancérologue, par le chirurgien
ou par le médecin traitant. Il est important que chaque acteur de la prise en charge soit régulièrement informé (par compte-rendu écrit) de l’état de santé du patient. Il ne faut pas hésiter à prendre conseil auprès d’un médecin nutritionniste en cas de problèmes alimentaires ou d’aggravation de l’amaigrissement post-opératoire habituel.

Que signifient rémission, guérison et récidive ?

Il faut s’entendre sur les définitions pour éviter les faux espoirs et les
faux désespoirs qui peuvent faire beaucoup de mal.

Si le bilan d’extension n’a pas révélé de métastases, si le patient a été opéré et que le chirurgien a enlevé toute la tumeur, qu’il ait reçu ou non une chimiothérapie et/ou une radiothérapie avant ou après l’intervention, le patient a alors des chances d’être guéri. Ses chances de guérison dépendent cependant du stade du cancer. Les récidives sont malgré tout possibles et surviennent habituellement dans les 3 ans qui suivent le traitement. C’est pourquoi, le terme de « rémission* complète » est utilisé dans un premier temps lorsque les bilans de surveillance restent normaux. C’est finalement le temps qui va définir la guérison : plus le temps passe avec des bilans de surveillance normaux, plus la rémission complète est synonyme de guérison. Dans les cancers de l’estomac ou du cardia, si aucune récidive n’est survenue dans les 3 ans qui suivent le diagnostic, le patient a alors plus de 90 % de chances d’être guéri. Cette rémission complète peut être qualifiée de guérison.

La récidive ou rechute est dépistée lors des bilans de surveillance ou lors de la survenue de symptômes. C’est une mauvaise nouvelle
difficile à vivre et qui peut même parfois conduire à en vouloir à son cancérologue. Cette récidive provient du fait qu’au moment du diagnostic et malgré un bilan initial minutieux, des cellules
tumorales existaient déjà en dehors de la zone opérée et qu’ainsi le traitement par chimiothérapie et/ou radiothérapie n’a pas été capable de les détruire intégralement. Il existe des récidives locales (au sein de la zone initialement opérée) et des récidives à distance (métastases). La récidive peut parfois encore être guérie. C’est pourquoi les bilans de surveillance sont indispensables.

Si d’emblée ou lors d’une récidive on constate des métastases, le traitement ne peut généralement pas guérir la maladie. Dans cette situation, quand la chimiothérapie fait diminuer la ou les métastases, il est question de réponse tumorale. Cette réponse est dite « complète » si les métastases ne sont plus visibles et « partielle » si elles ont diminué de plus de 50 %. Quand la tumeur ou les métastases augmentent à nouveau, soit sous traitement (qui n’est donc plus efficace), soit après une pause thérapeutique, on ne parle plus de récidive mais de progression de la maladie. Il est alors nécessaire de mettre en place un nouveau traitement, dit de deuxième ligne.

Enfin, lorsque la maladie ne répond plus aux différentes lignes de
traitement disponibles ou lorsque l’équipe médicale juge qu’un nouveau traitement risque d’apporter plus d’inconvénients que de bénéfices, la poursuite de la prise en charge du patient se fait dans le cadre de soins de confort qui visent à atténuer les symptômes de la maladie.

Auteurs

Pr Aziz ZAANAN
Professeur des universités-praticien hospitalier en gastroentérologie et oncologie digestive à l’hôpital Européen Georges Pompidou à Paris. Spécialisé dans le traitement des cancers digestifs. Membre du comité scientifique de la fédération francophone de cancérologie digestive (FFCD).
Pr Aziz ZAANAN
Professeur des universités-praticien hospitalier en gastroentérologie et oncologie digestive à l’hôpital Européen Georges Pompidou à Paris. Spécialisé dans le traitement des cancers digestifs. Membre du comité scientifique de la fédération francophone de cancérologie digestive (FFCD).
Dr Emmanuelle Samalin-Scalzi
Praticien spécialiste en oncologie médicale à l'ICM depuis 2006. Spécialisée dans les cancers digestifs. Présidente du groupe UNICANCER pour les cancers digestifs depuis 2018. Impliquée dans la recherche clinique et la coordination d'essais thérapeutiques.
Dr Emmanuelle Samalin-Scalzi
Praticien spécialiste en oncologie médicale à l'ICM depuis 2006. Spécialisée dans les cancers digestifs. Présidente du groupe UNICANCER pour les cancers digestifs depuis 2018. Impliquée dans la recherche clinique et la coordination d'essais thérapeutiques.
Pr Florence Huguet
Professeur des universités-praticien hospitalier d’Oncologie Radiothérapie (Sorbonne Université). Exerce à l’hôpital Tenon (Assistance Publique - Hôpitaux de Paris). Chef de service d’Oncologie Radiothérapie. Se concentre sur les cancers digestifs et ORL.
Pr Florence Huguet
Professeur des universités-praticien hospitalier d’Oncologie Radiothérapie (Sorbonne Université). Exerce à l’hôpital Tenon (Assistance Publique - Hôpitaux de Paris). Chef de service d’Oncologie Radiothérapie. Se concentre sur les cancers digestifs et ORL.
Pr Guillaume PIESSEN
Professeur des universités-praticien hospitalier de chirurgie digestive et oncologique (Université de Lille). Spécialisé dans la prise en charge des cancers digestifs, chef du service de chirurgie digestive et générale.
Pr Guillaume PIESSEN
Professeur des universités-praticien hospitalier de chirurgie digestive et oncologique (Université de Lille). Spécialisé dans la prise en charge des cancers digestifs, chef du service de chirurgie digestive et générale.

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